mardi 29 novembre 2011

LA COMPAGNIE DES ANIMAUX /THE COMPANY OF ANIMALS

Les animaux de compagnie sont très répandus dans les foyers aujourd'hui et leur présence constitue pour beaucoup leur principale expérience de la nature. Il y 45 millions d'animaux de compagnie en France. Nous sommes les seconds au monde après les Etats-unis à en posséder autant. Les animaux de compagnie font l'objet de soins et de délicatesses qui dépareillent avec le traitement infligé à l'animal d'élevage dans l'industrie alimentaire. Notre rapport à l'animal est donc ambigu. Cela n'est pas sans lien avec l'extrême diversité que recoupe ce nom d'animal. Nous nions parfois que l'animal ait une forme de vie comparable à la nôtre et le traitons comme de la matière première. D'autres fois, nous accordons des privilèges à nos animaux préférés que nous n'accorderions même pas à nos semblables. Il faut donc s'interroger sur le rapport entre la doctrine qui distingue très fortement l'homme et l'animal et une autre qui au contraire les identifie. Il s'agit de déterminer quel statut accorder à l'animal et quels sont les excès que l'on peut observer aussi bien dans le soin des animaux que dans leur maltraitance.





I. L'animal lointain



L'animal s'est vu privé de nombreuses qualités par tous ceux qui ont réfléchi à la différence entre l'homme et l'animal. L'animal ne rit pas, ne pleure pas, ne caresse pas, n'embrasse pas, n'invente pas, ne parle pas, ignore la mort etc. Autrement dit, l'animal est envisagé comme un être qui nous ressemble mais auquel il manquerait de nombreux attributs (Platon, Timée). L'animal est ainsi placé en position d'infériorité.

A la Renaissance se développe l'idée que l'animal est de nature absolument différente de la nôtre et pas seulement inférieure. On trouve chez Descartes l'idée que l'animal ne possède aucune pensée. Il est une machine, un automate fait de nerfs, de boyaux, de pompes etc. Cette conception est liée au paradigme de la science moderne qui réduit la nature à des processus mécaniques et mathématiques. On accuse ce courant de pensée d'être à l'origine de notre mépris pour les animaux et la vie en général. Le mépris de la souffrance physique et psychique des animaux d'élevage industriel est considéré comme une conséquence de l'idéologie des sciences modernes et du respect trop exclusif de la personne humaine par rapport au monde vivant.

Dans l'antiquité, Aristote distinguait déjà le corps et l'intelligence, même s'il n'établissait pas de frontière infranchissable entre les deux. Selon lui, l’être qui, par son intelligence, a la faculté de prévoir, est par nature un chef et un maître tandis que celui qui, au moyen de son corps, est seulement capable d’exécuter les ordres de l’autre, est par sa nature même un subordonné et un esclave. De façon générale, la métaphysique, en distinguant dès Platon la matière et la forme, l'affect et l'intellect, a inscrit dans notre organisation mentale la distinction entre esclave et homme libre. Pour Peter Singer, dans La condition animale, les spécistes distinguent deux espèces, l'homme et l'animal, et permettent aux intérêts de leur propre espèce de prendre le pas sur ceux des autres espèces. Ils sont comparables aux racistes ou au sexistes. Toute forme d'exploitation dépendrait d'une même tendance à comparer homme et animal, homme et femme, ami et ennemi. Rappelons, pour aller en ce sens, que les techniques d'extermination industrielle utilisées par les nazis furent calquée sur les abattoirs de Chicago ou que le dispositif carcéral du panoptique fut inspiré des zoos.

On a souvent remarqué la cruauté de l'enfant à l'égard des insectes et des petits animaux qui lui tombent sous la main, même si par ailleurs il peut être tendre avec l'animal de compagnie. Ainsi, l'homme sélectionne très rapidement les êtres qu'il respectera et ceux qu'il négligera. Par exemple, un animal peut être empaillé, un homme non. L'homme exerce parfois une violence spontanée sur les animaux lorsqu'il bat un animal par caprice pour se défouler. D'autres fois, c'est le travail ou la consommation qui sont organisés sans égard pour la fatigue et la souffrance animale (chevaux de guerre, oie engraissée, cobayes médicaux etc.). Nous élevons les animaux dans des conditions parfois abominables pour les manger, et soumettons d’autres encore à des expériences douloureuses et souvent fatales afin de faire avancer la recherche médicale ou pour développer de nouveaux produits cosmétiques ou ménagers. La violence à l'égard de l'animal s'exprime encore à la chasse, lors de l'abattage, dans les jeux, à la guerre. L'animal peut être aussi l'instrument d'un plaisir sadique. A partir du XIXe siècle l'adoucissement général des moeurs profite à l'animal. Mais comme l'a vu Foucault, la violence n'a pas disparu. Elle s'est faite plus discrète et plus systématique à travers les dispositifs disciplinaires.

La religion, en particulier monothéiste, sépare rigoureusement l'homme et l'animal. En outre, parmi les animaux, une distinction est faite entre animaux purs et animaux impurs. Par exemple, la loi mosaïque déclare impropres à l'alimentation, certains animaux tels que l'âne, le chameau, le porc, le lièvre, etc. Sous un autre angle, nous ne mangeons pas les animaux proches de nous comme le chien et le chat. Nous ne mangeons pas d'insectes pour d'autres raisons. On distingue aussi l'animal sauvage, l'animal d'élevage et l'animal domestique par ordre de proximité avec l'homme. Il y a donc tout un ensemble de comportements qui traduisent des distinctions nettes entre certains animaux, mais qui peuvent évoluer selon les cultures et les modes de représentation. Par exemple, nous mangeons des escargots à la différence des anglais.





II. L'animal proche



Nous avons vu que l'animal est distingué de l'homme et infériorisé. Pourtant l'homme lui-même appartient au genre animal. Il est donc possible de penser une continuité entre l'animal et l'homme. Cette continuité est justement ce qui permet à certains animaux d'entrer dans une très grande proximité avec nous.



La prise en compte du bien-être des animaux non humains est apparue dans la civilisation de la vallée de l'Indus, à travers la croyance en une réincarnation des morts humains sous la forme d'animaux, croyance dont il découle que les animaux doivent être traités avec le respect dû aux humains (abolition de la viande, interdiction de la chasse et de la pêche). Par ailleurs, le Talmud interdit à un Juif de s'associer avec un chasseur. Le végétarisme est une caractéristique de l'ère messianique pour les Juifs orthodoxes, où même les animaux carnivores sont végétariens (prophétie d'Isaïe). Dans bien des religions animistes, comme celles qui existent en Afrique, l'animal est quasi-sacré. Lorsqu'il est sacrifié, il ne s'agit pas de l'humilier. Il faut distinguer l'abattage du sacrifice qui, d'une certaine façon, témoigne du respect de l'animal. Les Eskimos tuent des phoques pour les manger, mais ils le font rituellement, non seulement en demandant pardon à l’animal ainsi sacrifié, mais en demandant son consentement à être ainsi sacrifié. C’est ici l’animal qui se donne à l’homme en nourriture, comme un dieu donnerait la vie à l’humain. L’animal est donc en partie divin. Son sacrifice lui permet de s’approcher du monde des esprits.

Dans l'antiquité, les animaux furent considérés comme appartenant à un degré inférieur à l'homme mais sur une même échelle que lui. Pour Aristote, le vivant végétal se nourrit, l'animal se nourrit et se déplace et l'homme se nourrit, se déplace et pense. Mais c'est une même base, l'âme (de anima « souffle de la vie, principe vital »), à laquelle s'ajoutent des degrés de complexité. Cette thèse continuiste est la plus intuitive puisque nous projetons spontanément sur l'animal des états d'âme comparables aux nôtres. Certains philosophes modernes non cartésiens refusent également de séparer l'homme de l'animal. Pour Montaigne l'animal pense. Pour Schopenhauer l'animal est la même chose que l'homme. Parfois même, l'animal est considéré comme plus adroit et plus dégourdi que l'homme. Le romantisme tend ainsi à valoriser des formes de vies spontanées supérieures à la raison et en un sens plus spirituelles même si elles sont moins conscientes. Enfin, de nombreuses expériences scientifiques sur les chimpanzés, les oiseaux etc. ont montré que l'animal pouvait apprendre à communiquer par signes, utiliser des outils, inventer etc.



L'animal entant qu'être sensible doit être protégé contre la souffrance par la loi. Est moralement mauvais, pour un utilitariste, ce qui est contraire à l'intérêt. Or il est dans l'intérêt de l'animal de ne pas souffrir. On peut bien refuser la pensée à l'animal, cela n'empêche aucunement de le respecter. C'est plutôt en niant sa sensibilité et en l'assimilant à une machine qu'on maltraite l'animal, à la manière dont Malebranche traitait sa chienne. Nous protégeons d'ailleurs les humains selon le même principe, leur épargnant la souffrance, même quand leurs capacités cognitives sont embryonnaires ou endommagées. Ainsi la thèse de l'animal machine encourage une forme de mépris à l'égard de l'animal qui doit d'ailleurs être différenciée du plaisir sadique de faire souffrir.

Au XIX apparurent des lois et des institutions qui punissaient la cruauté envers les animaux. En 1822 fut fondée la Société de prévention de la cruauté envers les animaux en Angleterre. La « Ligue antivivisectionniste française » dont Victor Hugo fut président fut un des principaux promoteurs de la première loi de protection des animaux domestiques prévoyant des sanctions pénales. Le gouvernement britannique a créé en 1967 le Farm Animal Welfare Advisory Committee (Comité consultatif sur le bien-être des animaux de ferme). Les premières lignes directrices du comité recommandèrent que les animaux aient la possibilité de se retourner, de se nettoyer, de se lever, de se coucher, et d'étendre leurs membres. C'est à partir de celles-ci qu'ont été élaborées depuis les besoins fondamentaux de l'animal : absence de douleur, de lésion, de maladie, de stress climatique ou physique, de faim, de soif ou de malnutrition, de peur et de détresse et possibilité d’exprimer des comportements normaux, propres à chaque espèce. Les experts de l´Institut national de recherche agronomique (Inra) ont publié un rapport pour tenter d’identifier et de limiter la douleur chez les animaux d’élevage. La Déclaration universelle des droits de l'animal fut proclamée par l'UNESCO en 1978. Si le commerce des animaux est étroitement réglementé, les responsabilités des maîtres se trouvent désormais précisées afin de généraliser la vaccination mais aussi de veiller à la sécurité de chacun : un propriétaire est responsable des actes de son animal.

Il faut distinguer la défense d'un plus grand bien-être animal et la réclamation des droits pour les animaux. Ces deux points de vue correspondent à deux conceptions éthiques plus générales : les déontologistes fondent la morale sur des droits et réclament donc des droits pour les animaux ; les conséquentialistes jugent simplement une action ou une inaction à travers ses conséquences. En particulier, les utilitaristes la jugent selon ses conséquences en termes de bien-être. Or les défenseurs du bien-être animal jugent souvent que le point de vue du droit des animaux va trop loin à certains égards : le bien-être animal ne nécessite pas forcément l'élimination complète de toute utilisation des animaux, notamment comme animaux de compagnies. Ils défendent plutôt l'idée que les humains ont une responsabilité morale à l'égard des animaux, celle de minimiser leurs souffrances. Le clivage entre conséquentialistes et déontologistes recoupe souvent un autre clivage, celui entre les abolitionnistes (partisans de l'abolition de toute forme d'exploitation des animaux) et les réformistes (qui luttent pour améliorer la condition animale sans forcément remettre en cause toute forme d'exploitation des animaux). La défense du bien-être animal coïncide souvent avec la position réformiste.

Respecter les droits des animaux ne revient donc pas nécessairement à les traiter comme des humains, mais à respecter les intérêts qui leur sont propres pour autant qu’il n’y ait pas un conflit inacceptable avec les nôtres. Nous avons droit à une maison débarrassée des rongeurs. Mais cela ne veut pas dire que nous avons le droit de leur infliger des souffrances inutiles ou des les exploiter selon nos besoins les plus capricieux. Ce principe revient à tenter de minimiser les dommages causés à l'animal et à se limiter à ce qui nous est nécessaire. En Europe du nord, avant de soumettre une bête à une expérience douloureuse, l’équipe de chercheurs doit obtenir une autorisation. Celle-ci n’est accordée que si l’expérience est fondée, c'est-à-dire que les chercheurs doivent montrer que l’expérience est utile et qu’il n’y a pas d’alternative (test in vitro, test sur ordinateur). Le nombre d’animaux utilisés a été réduit au minimum nécessaire à l’expérience. Les chercheurs doivent s’efforcer de réduire autant que faire se peut la souffrance des animaux impliqués. Analgésiques, tranquillisants, anesthésiants sont aujourd’hui de rigueur et lorsque on ne peut réduire la douleur infligée à l’animal l’on doit montrer que la souffrance humaine à laquelle l’on cherche à remédier est suffisamment importante pour justifier la souffrance de l’animal (http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/vivant4.htm).

Le respect des animaux se fait également du point de vue informel dans les nouveaux usages. Aujourd'hui, une partie croissante de la clientèle des supermarchés préfère payer un peu plus cher de la volaille et des œufs provenant d’animaux élevés en plein air ou un lait provenant de vaches nourries à l’herbe et ayant accès à une prairie. Le nombre de végétariens en France est passé de moins de 1% il y a vingt ans à plus de 7 % aujourd’hui et bien des personnes en Europe et aux Etats-Unis refusent d’acheter de l’ivoire ou du cuir par respect pour les animaux. Les transports d’animaux entassés des heures durant dans un camion, la nourriture à la farine animale, les hormones, les conditions d’abattage épouvantables, notamment en France et Belgique, soulèvent de plus en plus de protestations. Manger du foie gras d’oies gavées de force ou la viande de veaux arrachés à leur mère à la naissance commence à poser un problème, et la loi en France vient récemment de constituer les animaux de compagnie en personnes juridiques. Les animaux acquièrent donc quelques droits et petit à petit leurs conditions s’améliorent.



L'animal sauvage a disparu en France avec le grand défrichement du XIe siècle. Mais les animaux domestiques grouillent encore dans les villes jusqu'au XIX , constituant un véritable paysage esthétique (bruits, odeurs, mouvements, objets). Peu à peu, les animaux sont interdits à cause d'accidents de la circulation puis de la peur des contagions. Les chiens errants sont pourchassé au même moments que les vagabonds. On observe donc une domestication générale de l'animal qui au fond perd son animalité brute pour devenir un outil ou un compagnon de l'homme.

Les animaux de compagnie continuent à se développer. Quelle est la place de l'animal de compagnie aujourd'hui ? Quel est son rôle ? Le fait de parler de rôle montre tout de même une instrumentalisation, à la différence d'un enfant qui n'a pas à proprement parler de rôle. Traditionnellement, le chien monte la garde et le chat dératise. Le chien devint le premier animal domestique il y a plus de 10 000 ans. La bible n'est pas favorable à cet animal. Selon les croyances populaires, le chien possèderait des pouvoirs magiques comme de pressentir l'avenir ou de guérir avec sa langue. Le chat lui est devenu domestique en Deux mille av Jc en Egypte. On le retrouve chez les grecs et les romains. Il a été longtemps diabolisé, associé à la femme et la sorcière, et aux pauvres. Les poisons chimiques et le béton lui ont fait perdre sa fonction de dératiseur. Aujourd'hui, avec l'urbanisation, il devient de plus en plus courant. Par son autonomie, il s'accorde nos idéaux individualistes.

Les motivations qui nous poussent à avoir un animal domestique sont aujourd'hui affectives. Le contact animal rapproche de la nature et du vivant. Les enfants sont attirés par l'animal réel ou en peluche. Les adultes le considère comme un compagnon. Il favorise les relations sociales. Il peut avoir des effets thérapeutiques. Il peut équilibrer la famille. La présence de chiens, de chats voire même de poissons peut aider à la guérison des malades ou limiter le stress des patients. Les chiens ou les chevaux sont déjà largement utilisés dans les processus de rééducation. L'animal est un objet transitionnel, un doudou réconfortant, un fétiche, un sujet de discussion et d'attention, un divertissement. L'animal est important dans la dimension affective de la communication, ce qu'une intelligence artificielle ne saurait faire. En un sens, le chat est le complément de l'ordinateur. Les humains prolongent dans l'animal leurs tendances fraternelles, maternelles ou paternelles. L’homme découvre des sentiments, comme la joie, la tristesse, l’amour, dans les expressions faciales du chien. Les comportements sont également importants, comme le comportement d'apaisement qui consiste à donner la patte. La présence du chien ou du chat génère calme, sérénité, détente et, pourrions-nous ajouter, humanité. Recommandé en cas de problèmes cardiovasculaires, l’animal favorise un rapport affectif sans absorbement. Le chien constitue une sorte de «bruit» permanent, une présence qui aime et qu’on aime. C’est comme si le chien, en tant qu’animal domestiqué et à ce titre, introduisait ou réintroduisait localement un signe d’humanité. L'animale domestique fait donc partie de la maison, de la famille et ne s'y trouve pas comme un vulgaire objet. Il participe à la vie commune, à la différence de la fourmi.

L'animal transmet comme nous venons de le voir des choses à l'homme. Inversement l'homme transmet des choses à l'animal. On dit que tel maître tel chien. Il est certain que l'animal est en partie le reflet de l'expérience qu'il a vécue et de l'influence de ses maîtres. Un animal peut être dressé pour devenir agressif ou au contraire en vue d'être affectueux. De manière plus générale, la captivité transforme l'habitus de l'espèce. Par exemple, le chien, proche parent du loup, aurait intégré les groupes humains, il y a 10 000 ans. Sous l’effet progressif du processus de domestication, il a modifié sa physiologie et son comportement, réussissant ainsi à inclure son propre espace dans celui des humains. La place d’un chien dans une famille est directement dépendante d’un dressage qui consiste en un acte autoritaire, tantôt diffus, tantôt systématique, visant à soumettre l’animal à la présence humaine. Réalisé dans un centre d’éducation canine par un professionnel ou à la maison par le maître lui-même, le dressage vise à détenir une prise sur l'animal. La domestication répond à une logique de pouvoir et de séduction, de peine et de récompense. Les déplacements et emplacements de l'animal sont déterminés par le maître. L'anxiété animale, liée à la méconnaissance de ses besoins en terme de relation ou de comportement, est complexe et modifie les attitudes. 1/3 des chats ne sortent jamais, ce qui génère des pathologies.

La vie sociale animale (fourmilière, meute, parade, combats etc.) est étudiée par l'homme qui souligne selon sa perception les rapports de force (Darwin) ou de coopération (Kropotkine). De même, l'animal est utilisé dans les activités compétitives ou sociales. Les jeux avec les animaux ont les deux caractères. Le zoo ou l'exhibition est aussi un moment de partage et de communion de l'homme face à la nature. Nous voyons donc que l'homme s'identifie volontiers à l'animal ou trouve en eux ses propres traits. L'anthropomorphisation de l’animal consiste en l’attribution souvent explicite et valorisée de capacités cognitives ou affectives spécifiques (planification, préférence, mémoire, intentionnalité, ruse, intelligence), la reproduction ponctuelle des comportements humains (saluer, jouer à la balle) ou l’achat, marginal, d’objets humains (vêtements, brosses à dents). 1/3 chiens et 1/2 chats reçoivent un cadeau noël ou d'anniversaire. Il s’agit, par cette sorte de travestissement, de confondre, en tout cas de réduire l’écart entre le chien et l’homme. Cette réduction apparaît aussi bien dans la manière dont certaines personnes parlent à leur animal que sous un forme plus élaborée dans les fables de La Fontaine.

L'animal peut participer à la mise en scène de certains événements. Il est apprêté pour les mariage. Au XVIIe on lui mettait tresses et rubans. Il sert de faire valoir. L'animal est un accessoire de distinction sociale. L'animal rare ou de race, richement paré ou bien apprêté, signifie notre rang. Le Pitt-bull exprime une certaine virilité. Le chien du vagabond a sans doute également une fonction symbolique. De manière générale, on distingue les classes sociales à chien ou à chat. Le chat symbolise la liberté et l'indépendance, qui est la valeur des cadres. Les chiens représentent la défense et l'ordre, valeurs des commerçants etc. Les cynophiles sont liés à la sauvegarde d’un patrimoine économique (patrons de commerce et de l’artisanat, camionneurs) ou sont préposés à la défense de l’ordre (policiers, militaires, contremaitres). Les cattophiles sont des intellectuels et des artistes, suivis en cela par les instituteurs, les travailleurs et les fonctionnaires, qu’ils soient employés ou cadres. Il y a de plus en plus de chats à cause de l'urbanisation et de l'augmentation des personnes seules. Les ouvriers, pour leur part, pratiquent plus volontiers la coexistence des deux espèces.

L'animal profite du développement de l'aliment industriels et des services comme les centres de cosmétique, d'hygiène ou de psychologie. L'animal de compagnie se développe à partir des années soixante dans le domicile moderne. Il est présent dans la publicité. Il représente 2,2 % du budget du ménage soit120 e/an. De nombreux services principalement destinés aux hommes se sont développés pour l'animal : les salons de coiffure, les rayons mode, les cabinets psychologiques, les salles de fitness et les classes de yoga pour chiens new yorkais et californiens. Quant à l'enterrement de l'animal, il apparut au XVIII sans être tout à fait accepté par l'église.



Conclusion

L'animal et l'homme ont une relation ambigüe. Néanmoins, l'animal reste au services des désirs de l'homme. Le temps où l'homme dut lutter sur un pied d'égalité avec les animaux sauvage est révolu. Aujourd'hui, l'ennemi est plutôt le virus ou la catastrophe naturelle. La relation à l'animale évolue même si elle reste fondamentalement asymétrique. L'animal sauvage disparaît. Reste les animaux domestiques ou familiers. Peut-être notre rapport à l'animal se fera-t-il de plus en plus doux. Ce pourrait-être le signe d'une meilleure cohabitation entre les hommes eux-mêmes. Il y a sans doute un lien entre l'oppression des hommes et celles des animaux même si l'on ne peut absolument les comparer.



THE COMPANY OF ANIMALS



Pets are very common in homes today, and their presence is for many their main experience of nature. There are 45 million pets in France. We are the second in the world after the United States to possess as many animals. Pets are subject to care and delicacy which differ from treatment of farm animals in the food industry. Our relationship with animals is ambiguous. This is not unrelated to the extreme diversity that denote the name "animal". Sometimes we deny that the animal has a form of life comparable to ours and treat them as raw material. Other times, we grant privileges to our favorite animals that we would not grant to other men. We must therefore examine the relationship between the doctrine that distinguishes man and animal and one that identifies them. The question is what status given to the animal and what are the excesses that can be observed both in the care of animals and in their abuse.





I. The distant animal



The animal was deprived of many qualities by all who have thought about the difference between man and animal. The animal does not laugh, does not cry, does not caress, does not embrace, does not invent, not talking, ignore the death and so on. In other words, the animal is seen as someone who looks like us but which lacks many of the attributes (Plato, Timaeus). The animal is thus placed at a disadvantage.

During the Renaissance, the idea that the animal nature is absolutely different from ours and not just lower was developed. We found in Descartes the idea that the animal has no thought. It is a machine, an automaton, made of nerves, hoses, pumps etc.. This concept is related to the paradigm of modern science that reduces nature to mechanical and mathematical processes. One accuses this school of thought to be the source of our contempt for animals and life in general. Contempt for physical and mental pain of industrial livestock is considered as a consequence of the ideology of modern science and of the too exclusive respect of the human and not of all the living.

In antiquity, Aristotle already distinguished body and mind, even if it did not establish insurmountable barrier between the two. According to him, the intelligent being who can foresee the future is by nature a leader and a teacher, while who, through his body, is only able to execute orders of the other, is by its nature a subject and a slave. In general, metaphysics, distinguishing from Plato matter and form, affect and intellect, has inscribe into our mental organization the distinction between slave and free man.

For Peter Singer, in The animal condition, the speciesists distinguish two species, humans and animals, and allow the interests of their own species to take precedence over those of other species. They are comparable to racist or sexist. All forms of exploitation depend on the same tendency to compare human and animal, man and woman, friend and enemy. Remember, to go in this direction, that the industrial extermination techniques used by the Nazis were modeled on the Chicago slaughterhouses or that the the panopticon prison device was inspired by zoos.

We can notice the cruelty of the child against insects and small animals which come to hand, although he can also be tender with the pet. Thus, man quickly selects the people he respects and those he neglects. For example, a animal can be stuffed, not a man. Man is sometimes spontaneously violent with animals when he fights them on a whim to let off steam. Other times, the work or consumption are organized without regard to fatigue and animal suffering (war horses, fattened goose, guinea pigs medical etc.). We sometimes raise animals in horrible conditions to eat, and submit others to painful and often fatal experiment to advance medical research or to develop new cosmetics or household. The violence against the animal is also expressed in the hunt, at slaughter, in games, war. The animal may also be an instrument of sadistic pleasure. From the nineteenth century the general softening of manners is beneficial to the animal. But as Foucault saw the violence has not disappeared. It has become more discreet and more systematic through the disciplinary systems.

eligion, especially monotheistic, strictly separates man and animal. In addition, among the animals, a distinction is made between clean beasts and unclean animals. For example, the Mosaic law declares that some animals such as donkeys, camels, pigs, hares, etc. are not edible. From another perspective, we do not eat animals close to us as dogs and cats. We do not eat insects for other reasons. We also distinguish the wild animal, farm animals and pets in order of proximity with humans. There is a whole set of behaviors that reflect distinctions between some animals, but that may change across cultures and modes of representation. For example, we eat snails unlike the English.





II. The close animal



We have seen that the animal is distinguished from the man and regard as inferior. Yet the man himself belongs to the animal genus. It is therefore possible to assume continuity between animal and man. This continuity is precisely what allows some animals to enter a in very close relationship with us.

Taking into account the welfare of nonhuman animals appeared in the civilization of the Indus Valley, through the belief in a reincarnation of the dead humans as animals, a belief which it follows that animals must be treated with the respect due to humans (abolition of meat, prohibition of hunting and fishing). Moreover, the Talmud forbids a Jew to associate with a hunter. Vegetarianism is a feature of the Messianic era for Orthodox Jews, when carnivorous animals are vegetarians (prophecy of Isaiah). In many animistic religions, such as those that exist in Africa, the animal is almost sacred. When it is sacrified, it is not thumiliated. We must distinguish the slaughter and the sacrifice which, in some way, shows respect for the animal. The Eskimos kill seals for food, but they do it ritually, not only by asking for forgiveness to the sacrified animal , but by requiring its consent to be sacrificed. Here the animal give itself to man for food, as a god would give life to humans. The animal is partly divine. His sacrifice allows him to approach the spirit world.

In antiquity, animals were considered to belong to one degree less than man, but on the same scale. For Aristotle, the living plant feeds, animal feeds and moves and the man feeds, moves and thinks. But it's the same base, the soul (anima in latin is "breath of life, vital principle"), with levels of complexity. This continuist thesis is the most intuitive, since we project onto animal spontaneous moods comparable to ours. Some modern non-Cartesian philosophers also refuse to separate the man from the animal. According to Montaigne, the animal thinks. According to Schopenhauer, the animal is the same as men. Sometimes, the animal is considered as more skillful and smart than man. Romantism tends to give value to spontaneous forms of life over reason and more spiritual even though they are less conscious. Finally, many scientific experiments on chimpanzees, birds and so on, showed that the animal could learn to communicate with signs, use tools, invent, etc.

The animal as sensitive being must be protected against suffering by law. What is morally wrong, for a utilitarian, is contrary to the interest. And it is in the interest of the animal not to suffer. We can deny thought to the animal, it doesn't prevent to respect it. Rather, it is denying its sensitivity and compare it to a machine that lead to mistreat animals, like Malebranche treated his dog. We also protect humans on the same principle, sparing them the pain, even when their cognitive abilities are embryonic or damaged. Thus the thesis of the animal machine encourages a form of contempt for the animal that must also be differentiated from the sadistic pleasure of inflicting pain.

Appeared in the nineteenth laws and institutions that punish cruelty to animals. In 1822 was founded the Society for the Prevention of Cruelty to Animals in England. The "French antivivisection League" wich Victor Hugo was president was a leading proponent of the first law to protect pets with penalties. The British government created in 1967 the Farm Animal Welfare Advisory Committee. The first guidelines of the committee recommended that animals have the opportunity to turn around, to clean up, get up, lie down, and expand their membership. It is from these that were work out the basic needs of the animal: no pain, injury, illness, physical or climatic stress, hunger, thirst and malnutrition, fear and distress and the ability to express normal behavior, specific to each species. Experts from the National Institute of Agronomic Research (INRA) issued a report to try to identify and reduce pain in animals. The Universal Declaration of Animal Rights was proclaimed by UNESCO in 1978. If the pet trade is closely regulated, the responsibilities of owners are now specified in order to generalize the vaccination but also to ensure everyone's safety: an owner is responsible for the actions of the animal.

We must distinguish the defense of a larger animal welfare and the claim of rights for animals. These two perspectives correspond to two more general ethical conceptions : deontologists based morality on rights and therefore call for rights for animals ; consequentialists consider just one action or inaction through its consequences. In particular, the utilitarian judge an action according to its consequences in terms of well-being. Yet advocates of animal welfare often find that the point of view of animal rights goes too far in some respects: the animal welfare does not necessarily require the complete elimination of all animal use, such as pets. Instead, they defend the idea that humans have a moral responsibility towards animals to minimize their suffering. The divide between consequentialist and deontological often overlaps another division between the abolitionists (supporters of the abolition of all forms of exploitation of animals) and reformists (who are struggling to improve animal condition without necessarily challenge all forms of exploitation of animals). The defense of animal welfare often coincides with the reformist position.

Therefore, respect the rights of animals is not necessarily treate them as human, but to respect their interests, provided that there is no unacceptable conflict with ours. We are entitled to a home free of rodents. But that does not mean that we have the right to inflict unnecessary suffering or exploit according to our most capricious needs. This principle is an attempt to minimize damage to the animal and to be limited to what we need.

In northern Europe, before submitting an animal to a painful experience, the research team must obtain a permit. It is granted only if the experiment is based, that is to say that researchers must show that the experience is useful and there is no alternative (in vitro test, test computer). The number of animals used was reduced to the minimum necessary to experience. Researchers should strive to reduce as much as possible the suffering of animals involved. Analgesics, tranquilizers, anesthetics are now de rigueur, and when we can reduce the pain inflicted on the animal we must show that human suffering to which we seek to address is important enough to justify the suffering of animal (http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/vivant4.htm).

Respect for animals is also informal in the new uses. Today, a growing proportion of customers of supermarkets rather pay a little more poultry and eggs from animals raised outdoors or milk from cows fed on grass and having access to a meadow. The number of vegetarians in France has risen from less than 1% twenty years ago to more than 7% today and many people in Europe and the United States refuse to buy ivory and leather out of respect for the animals. The transport of animals for hours crammed into a truck, food from animal meal, hormones, appalling slaughter conditions, especially in France and Belgium, raise more and more protests. Eating foie gras from geese force to fed or veal torn from their mothers at birth is becoming a problem, and the law in France has recently set up the pets as legal entities. The animals thus acquire certain rights and gradually their conditions improve.

Wild animals have gone to France with the great clearing of the eleventh century. But animals still swarming in the cities until the nineteenth, constituting a real aesthetics landscape (noise, smells, movements, objects). Gradually, the animals are not allowed due to traffic accidents and the fear of contagion. Stray dogs are chasing the same moments as wanderers. There is therefore a general domestication of the animal wich loses its raw animality to become a tool or a human companion.

Pets continue to grow. What is the role of pets now ? Using the word "role" still shows a reducing to utility, unlike a child who has no real role. Traditionally, the dog stands guard and the cat catches rats. The dog became the first pet more than 10 000 years ago. The Bible does not support this animal. According to popular belief, the dog has magical powers as to foresee the future or to cure with his tongue. The cat became domestic in two thousand BC in Egypt. We find it at Greeks and Romans. It has been demonized, combined with the wife and the witch, and the poor. The chemical poisons and concrete caused him to lose his position as exterminator. Today, with urbanization, it is becoming increasingly common. Because of its autonomy, it goes well with individualistic ideals. Today, the motivations that drive us to have a pet are emotional. The animal contact move closer to nature and life. Children are attracted by the real or stuffed animal. Adults consider it as a companion. It promotes social interaction. It can have therapeutic effects. It can balance the family. The presence of dogs, cats and even fish can help to heal the sick or limit patient stress. Dogs and horses are already widely used in the rehabilitation process. The animal is a transitional object, a comforting blanket, a fetish, a topic of discussion and attention, an entertainment. The animal is important in the affective dimension of communication, that an artificial intelligence can not do. In a sense, the cat is the complement of the computer. Humans extend in the animal their fraternal, maternal or paternal trends. Man discovers feelings such as joy, sadness, love, in facial expressions of the dog. Behavior are also important, as the behavior of appeasement of giving the leg. The presence of the dog or cat produces calm, serenity, relaxation and, we might add, humanity. Recommended for cardiovascular problems, the animal favors an emotional connection without absorbing. The dog is a kind of permanent "noise" presence that loves and we love. It's like dog as pets, introduced or reintroduced a local sign of humanity. Domestic animal is part of the house, the family and is not there like a common object. He participates in community life, in contrast to the ant.

As we have seen, Animal convey things to humans. Conversely, the man sends something to the animal. It is said that dog is like is owner. It is certain that the animal is partly a reflection of his experience and influence of his owner. An animal can be trained to become aggressive or otherwise to be affectionate. More generally, the captivity turns the habitus of the species. For example, the dog, a close relative of the wolf, have integrated human groups, 10 000 years ago. As a result of the gradual process of domestication, it amended its physiology and behavior, to including its own space in that of humans. The place of a dog in a family is directly dependent on a training consisting of an authoritarian act, sometimes diffuse, sometimes systematically, to subject the animal to human presence. Performed in a dog training center by a professional or at home by the owner himself, the training consist to hold a grip on the animal. Domestication responds to a logic of power and seduction, pain and reward. Movements and locations of the animal are determined by the owner. Animal anxiety, related to the lack of understanding of its needs in terms of relationship or behavior, is complex and changing attitudes. 1 / 3 of cats never go out, which generates pathologies.

The animal social life (ant, pack, parade, fighting etc..) is studied by man who emphasizes, according to his perception, competition (Darwin) or cooperation (Kropotkin). Similarly, the animal is used in competitive or social activities. Games with animals have the two characters. The zoo or exhibition is also a time of sharing and communion of man in front of nature. Thus we see that man identifies himself to the animal or find in them his own features. The anthropomorphism of the animal is in the allocation of often explicit and valued specific cognitive or affective abilities( planning, preference memory, intentionality, cunning, intelligence), one-time reproduction of human behavior (greeting, play ball) or buying of human objects (clothing, toothbrushes). 1 / 3 dogs and 1 / 2 cats receive Christmas or birthday gift. This kind of disguise reduce the gap between dog and man. This reduction appear as much in the way some people talk to their pet than in a more elaborate form in the fables of La Fontaine.

Animal may participate in the staging of events. It is dressed for marriage. In the seventeenth one put on it braids and ribbons. It is used to get oneself notice. The animal is an accessory of social distinction. The rare animal or race, richly adorned or dressed, means ou rank. The Pitt-bull expresses a certain virility. The vagabond's dog has probably also a symbolic function. In general, there are different social classes for dog or cat. The cat symbolizes freedom and independence, which is the value of executives. Dogs represent defense and enforcement, merchants etc. values. Dogs are related to the preservation of economic assets (manager of trade and crafts, truck drivers) or are employed in the defense of the order (police, military, foremen). Cats represent intellectuals and artists, followed in this by the teachers, workers and officials, whether employees or managers. There are more and more cats because of urbanization and the increase of single people. The workers are more open to engage the coexistence of both species.

The animal benefits from the development of the food industry and service centers such as cosmetics, hygiene or psychology. The pet develops from the sixties in the modern home. It is present in advertising. It represents 2.2% of the household budget that is 120 euros / year. Many services primarily for men have evolved for animals : hair salons, fashion stores, psychological offices, fitness centers and yoga classes for dogs in New York and California. The burial of animal appeared in the eighteenth but not quite accepted by the church.



Conclusion

Animals and humans have an ambiguous relationship. However, animal remains at the service of man's desires. The time when man had to fight on equal terms with the wild animals is gone. Today, the enemy is more virus or natural disaster. The relationship to the animal evolves even if it remains fundamentally unbalanced. The wild animal disappears. Pets remain. Perhaps our relationship to animal will be more and more gentle. This could be a sign of better cohabitation between men themselves. There is probably a link between oppression of men and those of animals even if we can not absolutely compare the two .


crédit photo http://éveilartetnature.com/tag/techniques-artistiques/

































































































































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